Entretien

Entretien avec Christine Pauti, chargée de mission handicap à l’université

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Pouvez-vous vous présenter ?

Maître de conférences en droit public à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis une vingtaine d’années, je m’intéresse aux thématiques liées à la religion et à la laïcité, au patrimoine culturel et au droit comparé, en particulier italien. Par ailleurs, la question de la vulnérabilité, sous toutes ses formes, occupe une part importante dans mes enseignements, mes recherches et mes engagements. Ayant siégé pendant plusieurs années à la Cour nationale du droit d’asile en tant qu’assesseure nommée par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), je porte une attention particulière au droit des étrangers tant au sein de l’université qu’en dehors. Je suis actuellement membre du comité PAUSE (Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil) de notre université. Les discriminations notamment religieuses, sexuelles ou liées à la précarité (dans le cadre du groupe Sorbonne-ATD Quart Monde) retiennent également mon attention.

Quelles sont vos missions en tant que chargée de mission handicap ?

La fonction de chargée de mission handicap a été créée à la rentrée universitaire 2023-2024. Pour autant, il existait bien entendu déjà une structure au sein de l’université. Le pivot de cette organisation est constitué par le Relais handicap – composé de cinq référents – créé il y a plus de 15 ans au sein de la direction des Études et de la Vie étudiante (DEVE) pour accompagner les étudiants en situation de handicap et qui travaille en étroite collaboration avec les médecins du service de Santé étudiante (SSE).

Pour les personnels de l’université, la responsable du pôle Qualité de vie au travail au sein de la direction des Ressources humaines occupe la fonction de correspondante handicap, en lien avec le médecin de prévention. 

Conformément à la loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche, dite loi Fioraso, l’université s’est récemment dotée de son troisième schéma directeur (2023-2027) en matière de politique du handicap. Il prévoit notamment la création d’un « chargé de mission handicap », mission qui m’a été confiée par la présidente de l’université, et d’un comité de pilotage handicap pour appuyer les structures déjà présentes. Ma mission principale est de coordonner la mise en œuvre de cette politique en étroite collaboration avec les vice-présidents chargés des ressources humaines et de la vie étudiante et de campus, mais aussi d’animer la réflexion sur ce thème au sein de l’université.

Pouvez-vous nous expliquer la politique de l'université concernant le handicap et nous dire quelques mots sur les projets à venir ?

La loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées – dite loi handicap – insiste sur le fait que ce n'est plus à la personne en situation de handicap de s'adapter à la société mais l’inverse. Ce paradigme doit, depuis sa conception, s’appliquer à l’ensemble des sociétés et particulièrement à l’université. Le chantier est immense dans un établissement de plus de 45 000 étudiants et près de 3 000 personnels (enseignants et personnel administratif) répartis sur une vingtaine de sites. L’urgence est de renforcer le dispositif handicap à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en particulier au sein du Relais handicap qui comprend actuellement cinq référents, dont le travail remarquable doit ici être salué, pour s’occuper de plus d’un millier d’étudiants en situation de handicap. Un double réseau est par ailleurs en cours de finalisation : celui des enseignants et des personnels délégués handicap au sein de chaque composante et celui des délégués handicap au sein des services centraux. Il faut en effet un réseau d’interlocuteurs dédiés au sein de notre université afin que la prise en compte des besoins des personnes en situation de handicap soit facilitée. Enfin, il convient d'œuvrer à une plus grande sensibilisation de toute la communauté universitaire pour que la personne en situation de handicap se sente pleinement à sa place à l’université.